ÉGLISE SAINT-LOUP DE THUISY
DÉSAFFECTÉE EN 1981
CLASSÉE EN 1986
L’Église de Thuisy
Étude des programmes de restauration de l’édifice cultuel par ©Graphein Patrimonia du 28 mars 2011. Reproduction interdite même partielle sans l’accord de l’auteur.
ANCIENNES CIRCONSCRIPTIONS CIVILES ET SEIGNEURIES
Sous l’Ancien Régime, Thuisy ne formait qu’une communauté d’habitants avec Estissac. Thuisy a d’abord été paroisse curiale puis est devenue succursale de la paroisse de Saint-Liébaud. L’église de Thuisy est réunie comme succursale à Saint-Liébaud (Estissac) par Pierre d’Arcis, évêque de Troyes au XIVe siècle. La paroisse de Thuisy comprenait Belle-Épine, la Forge-Valcon ou Valcon, Vaugelé ou Vaugeley et la maison de Valours.
Le fief relevait de Villemaur.
Seigneurs aux XIIIe-XIVe siècles : du nom de Thuisy (Milon de Pont et Huot de Briolles) puis la famille De Fontenay seigneur de Saint-Liébaud.
Seigneurs aux XIVe-XVIIIe siècles : à la suite de la vente faite en 1374 par Marguerite de Thuisy et son mari Huot de Briolles à Nicolas II de Fontenay qui n’était pas encore seigneur de Saint-Liébaud que pour moitié, la terre resta indivisée pendant quelques temps. La seignerie passa aux mains de la famille de Courcelles, puis de Montmorency enfin à la famille de Vignier à partir de 1615. Cette dernière acheta la baronnie de Villemaur. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la seigneurie échut aux seigneurs de Villemaur.
HISTORIQUE DE L’ÉGLISE
Église paroissiale de Saint-Loup.
Classée Monument Historique le 24 janvier 1986.
Plan en forme de croix latine : long (30 m), largeur transept (16,50 m), nef (8 m).
Abside et transept voûtés du XVIe siècle. Sanctuaire commencé en 1539 se lit sur l’arc doubleau du sanctuaire.
Nef du XVIIIe siècle en cinq travées séparées par des portiques en bois supportant un plafond en plâtre sur lattis (1872-1873). Maçonnerie en moellons enduits et en pierre de taille pour la nef. Clocher charpenté élevé sur la 2ème travée de la nef. Chœur en pierre voûté à nervures en liernes et tiercerons, transept entièrement mis sur cintres et tabourets depuis 1989. Maçonnerie en craie pour le chœur. L’ancienne sacristie était placée derrière le maître-autel. La nouvelle est bâtie à côté de l’église au midi.
Vitraux du XVIIe siècle déposés depuis 1978.
Clocher supprimé en 1969 pour des raisons de sécurité. Couverture en ardoise sur le chevet, en tuile plate pour le reste de l’édifice, déposée à l’intérieur de l’édifice (1969).
PROGRAMME DE RESTAURATION
Période moderne
En 1764, il y a eu des réparations à l’église : cf. une délibération d’une assemblée des habitants de Saint-Liébaud, concernant la somme à payer pour la reconstruction d’une partie de l’église, et réparations à celle de Thuisy[1].
Période contemporaine
1818 : Travaux à l’église de Thuisy[2].
1824 : Travaux à l’église[3]. Le clocher et le chœur ont été réparés en ardoises. On a recouvert à voie ouverte et culé à neuf les noues des deux chapelles près du chœur. On a refait les emmortelages (?) de la nef, les deux chapelles et des piliers butants.
1835 : Travaux à l’église de Thuisy[4]. Réparation des couvertures en ardoises sur le chœur et au clocher (1 500 ardoises), réparations à faire à la nef, aux chapelles et aux piliers butants (3 000 tuiles).
1849-1851 : La couverture faite en tuiles presqu’en totalité à l’exception de trois côtés de l’abside couverte en ardoises est dans le plus mauvais état. Elle est ondulée et déformée presque partout, cela tient à ce que la latte est en grande partie pourrie et a un trop grand écartement de chevrons ce qui permet à la latte même en bon état de fléchir sous le poids des tuiles et de former des ondulations. Pour parer à cet inconvénient, un nouveau lattis en lattes de chœur est réalisé en sciage de chêne ayant 0,012 m d’épaisseur sur 0,03 de largeur. Deux fermes auxiliaires seront rajoutées aux deux transepts pour diminuer la longueur de portée des pannes, un cours de pannes sera en outre ajouté sur la hauteur pour diminuer la longueur de portée des chevrons. Réparation aux contreforts des transepts et de deux contreforts du cul de lampe.
Concernant la maçonnerie : angles à refaire dans les combles à la rencontre du transept nord de la nef.
Pièces de charpente à déposer et à reposer sur de nouvelles pannes à ajouter sur des ferrements nécessaires pour relier les nouvelles pièces aux anciennes. Réparations à faire aux contreforts et consistant en corniches en pierre de taille sous les égouts. Reprise de maçonneries à effectuer au transept sud de l’église. Refaire la couverture en tuiles et en ardoises (la tonne du clocher)[5].
1872-1873 : de faire enlever totalement le plancher qui existe au-dessous du solivage de la nef attendu que ce plancher est dans un état de vétusté tel qu’il menace en plusieurs endroits de tomber.
De remplacer ce plancher par un plafond en plâtre en ajoutant à chaque solive existante et qui sont en ce moment à une distance de 0,60 cm les unes des autres une fausse solive en bois blanc de 0,10 à 0,30 cm d’équarrissage.
De faire une travée ou plate-forme en plancher de bois blanc dans le clocher sur une longueur de 18 m et une largeur de 2,60 m[6].
1886-1887[7] :
Maçonnerie : réparation de huit piliers de l’église :
Façade nord, refaire plusieurs parties de 2 piliers en roche d’Etrochey.
4 piliers au levant : construction d’un socle en roche et réparation de carreaux de craie.
1 pilier au couchant : à refaire dans le haut un carreau de craie.
Réparation de la couverture de huit piliers.
A l’intérieur de l’église (côté sud) : reconstruire plusieurs parties de maçonnerie gelée, enduits en ciment romain, réparation au portail d’entrée de l’église.
Couverture : réparation à la toiture : dépose et repose de lattes au-dessus des 4 piliers (fourniture de 200 tuiles et réparation de 2 noues de toiture), fourniture d’ardoises et volige à la toiture du clocher, recouvrir en son entier une partie de la toiture de la sacristie (fourniture de 200 tuiles), découvrir et recouvrir une partie nord de 65 m².
Tôlerie et plomberie : 20 m de faîtières, tôle peinte, à garnir en plomb les deux noues de lucarne au sud.
Gros fers : tirants en fer pour maintenir l’écartement de la pile du couchant (2,50 m).
L’architecte avait prévu des travaux sur les parements extérieurs en sous-bassement de l’édifice mais ils ont été ajournés faute de moyens financiers de la commune.
1969 : Par mesure de sauvegarde, démontage du clocher. L’ensemble de la couverture est déposé et stocké à l’intérieur de l’édifice[8].
1978 : Projet de sauvegarde dressé par Jean Robert architecte. La nature des désordres provient d’un défaut d’entretien à long terme. La désagrégation est provoquée par le défaut de qualité des matériaux constituant la structure : des claveaux des voûtains du chœur, des maçonneries hautes des contreforts nord-ouest et nord de la nef et fenestrage nord-ouest du chevet.
Dépose des objets mobiliers au trésor de la cathédrale de Troyes[9].
1981 : L’église a fait l’objet d’un arrêté de désaffectation du Préfet de l’Aube en date du 21 octobre[10].
1985 : Étaiement de la nef. Étaiement des 4 voûtes formant croisée de transept. Étaiement de l’ensemble, liernes et tiercerons de la croisée du transept nord-sud, abside[11]. Blindage de 3 baies.
1988 : Travaux d’entretien des contre-fiches extérieures[12].
1989 : Contrôle et vérification des étais existants ; traitement au badigeon des étais, renforcement complémentaires[13].
1992-1993 : Vérification et entretien des étaiements existants[14].
1998 : Sur les six fenêtres du chœur, quatre baies dont trois remplages sont blindées et deux autres bouchées par des plaques provisoires de contre-plaqué. Côté nord, une batterie d’étançons a été installée pour épauler le mur gouttereau dont les maçonneries constituées de moellons grossiers de calcaire hourdés avec des mortiers terreux est fortement désorganisé (effondrement du parement extérieur). Installation de tôles de protection d’étançons (en bois blanc et fortement exposés aux intempéries) et une bâche de protection pendue sous le débord de toit pour protéger les maçonneries béantes des eaux de pluie. Le sol est situé à environ 1,20 m en contrebas du terrain environnant. Les revêtements du sol intérieur, parquet dans le chœur et carreaux de terre cuite dans la nef sont à reprendre à 80 % après mise en place de système assainissant[15].
2000 : Réfection de la toiture de l’église suite à la tempête du 26 décembre 1999[16].
2011 : Travaux à faire dans l’église :
[1] Bruley-Mosle, Notice sur Estissac et Thuisy, Troyes, 1911, rééd 1985.
[2] A.D. Aube.
[3] A.A. Aube. Travaux réalisés M. François Rabiat couvreur en tuile à Estissac et M. René Fourné maçon et entrepreneur. Certificat de réception définitive rédigé par M. Bert architecte à Troyes le 12 août 1825. Décompte des travaux exécutés par le sieur René Fourné le 11 août 1825.
[4] A.D. Aube. Procès-verbal d’adjudication rédigé le 18 juillet 1835. Devis estimatif des ouvrages à faire pour réparer l’église, la maison du presbytère et petits bâtiments accessoires […], rédigé le 18 juillet 1835.
[5] A.D. Aube. Devis des travaux de réparations à exécuter à l’église de Thuisy rédigé par l’architecte le 10 mai 1849. Devis estimatif des travaux supplémentaires à exécuter à l’église de Thuisy à la suite d’une visite du monument faite par l’architecte M. Boulanger le 17 août 1849.
[6] A.D. Aube. Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la commune d’Estissac du 20 mai 1872. Devis estimatif de diverses réparations à exécuter à l’église de Thuisy le 10 juillet 1872.
[7] A.D. Aube. Mémoire des travaux exécutés aux édifices communaux d’Estissac par M. Reglet-Coltat entrepreneur à Estissac le 27 septembre 1887. Procès-verbal d’adjudication des travaux le 13 février 1887. Procès-verbal de réception définitive des travaux le 9 octobre 1887.
[8] STAP. Dossier commune. Thuisy.
[9] Ibid.
[10] Ibid.
[11] Ibid.
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] Ibid.
[15] Ibid.
[16] Ibid.
>En voir plus sur le site de l’inventaire du patrimoine du Grand-Est
Objets déposés dans l’église Saint-Liébault d’Estissac
MISE EN PLACE DU COFFRAGE DU MÉCANISME DE L’HORLOGE DE L’ÉGLISE SAINT-LOUP DE THUISY
Le legs de Mme Veuve LAGOGEY-DUMANCHIN a permis l’acquisition de cette horloge en 1930, appelée «horloge d’édifice» avec sonnerie des quatre quarts et des heures. Un balancier d’1,15 m de longueur et de 19 kg 200 permet de corriger l’avance ou le retard. Un petit cadran témoin à deux aiguilles assure le contrôle de son fonctionnement ainsi que la position des aiguilles sur les trois cadrans extérieurs.
L’horloge, elle, fut déposée dans l’église Saint-Liébault. La restauration du mouvement a été réalisée en 2013 par Alain HORDÉ, ancien horloger de la commune, l’armoire de protection installée par Jean MAROT, Serge PETITBOIS et André LAMBRECHT, membres du Syndicat d’Initiative. La commune leur adresse ses plus chaleureux remerciements.